CHAMPIONNATS DU MONDE 2016

Suite à ma troisième place au championnat de France de pêche du bord en 2015, je suis sélectionné pour la quatrième fois en équipe de France de pêche des carnassiers. Avec 4 autres collègues / amis / compétiteurs, je suis convié à participer au quatorzième championnat de pêche du bord des carnassiers en Slovaquie. C’est dans la ville de Svit sur la rivière Poprad qu’aura lieu la compétition.

Les entrainements ont commencé dès que j’ai appris la bonne nouvelle de ma sélection. Dans un premier temps, entre la fermeture du carnassier et l’ouverture de la truite, dans des réservoirs où la pêche au leurre est autorisée. La pêche en réservoir est particulièrement intéressante pour multiplier les captures afin de gérer au mieux les combats. La taille et la puissance des poissons varient, le matériel y est souvent mis à rude épreuve avec les plus gros spécimens. Connaitre les capacités de son matériel est très important car la confiance qu’on lui accorde par la suite peut être déterminante lorsqu’il faut écourter les combats en bridant les poissons.

Une fois l’ouverture de la truite venue je me suis dirigé sur les rivières de l’Eure où les truites farios et les arcs en ciel se côtoient. Les configurations de rivières moyennes correspondent au profil de la rivière Poprad que nous allons pécher en Slovaquie. J’ai pu réaliser des essais sur les nouveaux produits Gunki. La gamme Think Finess avec des leurres souples comme le Typsy-S et les nouveaux poissons nageurs Gamera 50 HW ont fait des ravages sur les poissons de bonne taille. Le Scatter quant à lui est sorti du lot sur les truitelles.

Pour souder les membres de l’équipe de France, nous avons effectué un stage dans le cantal chez Guillaume Vernet. En tant que conseiller technique il nous a aiguillé sur des profils de rivières techniques et variés afin de travailler nos approches et choix de leurres. La Rhue avec ses profonds et ses radiers a été très intéressante sur les changements de leurres en fonction des profondeurs et des courants. Sur cinquante mètres on passe de la cuiller Rapid 0 au D-Gigan 39 F en passant par les leurres souples. Ce roulement de techniques entraine le réflexe à changer les leurres ce qui est une gymnastique déterminante au championnat du monde. La rapidité a trouver le bon leurre au bon endroit fait la différence sur le nombre de captures, un poisson peu importe la taille compte pour un point.

Au départ de la région parisienne 1800 kms nous attendent, il en faut pas moins pour arriver au bout de nos conversations incessamment réalimentées à la croisée des cours d’eau sur notre chemin. A peine arrivé à l’hôtel, on jette les valises mais on garde les cannes et le matériel de pêche. On file à l’enregistrement des équipes où le déroulement de la compétition nous est expliqué. Ce que l’on retient et qui nous fait vite oublier notre nuit sans sommeil c’est que l’on peut pêcher la rivière en dehors du parcours de la compétition. Ni une ni deux je passe le nylon 16ème dans les anneaux de la canne instinct eaux vives 190. J’ai choisi cette canne car la rivière n’est pas très large, environ dix mètres au plus large, et les leurres ne dépassent pas les 6 grammes. L’équipe se faufile au milieu des autres nations elles aussi en train de prendre ou reprendre contact avec la rivière. En effet, plusieurs nations sont frontalières et elles n’en sont pas à leur premiers préfishing. Notre prospection est fructueuse, il y a effectivement beaucoup de poissons de la même taille que lors de notre stage et surtout qui réagissent de la même façon. On ne s’arrête pas sur ce constat car les poissons du parcours ne seront pas forcément semblables et les conditions climatiques non plus.

Vendredi, le jour du poisson, le préfishing officiel sur les parcours de la compétition débute sur les chapeaux de roues avec des pêcheurs toutes nations remontées à bloc. Mais au fait où sont les slovaques ? Entrainés depuis un an ils n’ont bien sûr aucun intérêt à dévoiler la moindre bribe de stratégie. De notre côté, la moitié de l’équipe avance rapidement pour reconnaitre le terrain tandis qu’Eric  et moi varions les techniques sur des mêmes zones afin de vérifier la présence de poissons et de voir les leurres les plus appropriés en fonctions des tailles de ces derniers. Les poissons sont bien là : des leurres et couleurs sortent du lot. On passera la soirée à partager nos expériences et ressentis, tout en préparant le matériel, afin de mettre en place un plan d’attaque pour chaque secteur (quatre secteurs A,B,C,D).

Le fameux jour est là, il a plu dans la nuit, la rivière étant directement impactée par la fonte des neiges ou la pluie car très proche des cimes, notre crainte d’un changement est là. Toutefois, en la traversant par le pont, on est soulagé rien à changé. Le ciel, contrairement au soleil de la veille,  est pour l’instant encore très orageux. Le tirage des secteurs effectué : Tom est en A, Eric en B, Morgan en C et moi en D. Je suis content d’avoir ce secteur car c’est celui que j’ai le plus repéré la veille. Par contre je ne suis pas gâté sur l’ordre de départ.  Je pars pour le premier round (45 minutes) en 16ème  position soit avant dernier, je ne peux donc pas choisir les meilleurs boxs, ceux où il y a beaucoup de poissons de taille  moyenne. Je m’arme de la canne Gunki Iron-T ML 190 avec son nerf autoritaire et me dirige vers une zone profonde délaissée dans laquelle je soupçonne la présence de belles truites en quantité. Le coup de canon retentit, comme bien souvent il faut plusieurs lancés pour que les poissons réagissent. J’ai vu juste et les belles sont là et elles ont faim, à chaque fois le leurre est au fond de la bouche.

 L’Iron-T fait le job sur ces poissons boostés qui me feront parfois plusieurs rushs. Je finis septième sur ce round avec huit poissons…pas si mal ! A peine le temps de remettre en état le matériel que les départs recommencent toutes les trente secondes. Le dixième départ est pour moi, je n’ai pas encore accès aux meilleurs spots, pas grave je vais prospecter un peu plus afin de continuer à trouver les poissons actifs. La pêche sur le secteur reste compliquée, ma stratégie est laborieuse, je grappille quelques beaux poissons au milieu d’un secteur où aucune stratégie semble faire la différence. Je finis 5ème ex-aequo, je suis boosté d’autant plus que pour le prochain round je pars en troisième position. France…go ! Je file sur un déversoir curieusement libre, je prépare plusieurs leurres car en général sur la troisième manche les poissons sont plus difficiles. Les truites sont là, en cinq lancés j’ai cinq touches mais aucune ne se concrétise. Les poissons sont calés, il faut trouver LE leurre. Au bout du cinquième leurre une belle truite m’apporte mon premier point. Je me rend alors compte que les poissons que je vois me font perdre mon temps, je décale sur l’aval du poste : un petit radier. Les petits poissons sont là et réactifs. Je monte un tout petit ver car je me rends compte que j’ai oublié mes Gunki Scatter. En cinq minutes deux poissons sont mis à l’épuisette. La troisième tire dessus sans se piquer par contre au premier passage d’un poisson nageur je la ferre. Ce quatrième poisson m’offre de nouveau une 7ème place. Pour le dernier round je pars en septième position, je me dis pourvu que ça porte bonheur. Le dernier poisson au poisson nageur me rappelle l’efficacité que ce leurre a déjà eu lors des championnats passé notamment en République Tchèque où ça a permis à un russe de devenir champion du monde. Je prépare quatre poissons nageurs pour réattaquer les boxs de mon début de compétition. Trois lancés et c’est pendu, une superbe fario joue avec mes nerfs mais elle finit par être mon premier point. La pêche est difficile car il y a énormément d’algues filamenteuses qui recouvrent le fond et aussi qui dérivent dans le courant. A chaque lancé je dois nettoyer la bavette ou les hameçons. Je décide de passer sur un Midia d’Illex car ce poisson nageur coloris truitelle est non bruiteur contrairement aux précédents. J’alterne entre cranking et twitchs que l’Iron-T ML fait au top. Deux autres truites arcs en ciel massives font siffler le frein avec leurs rushs et leurs sauts mais elles finissent toutes les deux validées par le commissaire. Il leur faut du nerveux visiblement, je sors le Gamera 50 HW coloris Impact Brown Trout. Il me permet de faire : des lancers très précis, des animations nerveuses tout en tenant le courant. Au premier lancer c’est pendu mais la truite championne de saut en longueur se dépique. Quelques coups de scion plus tard c’est pendu et c’est encore une grosse, je m’applique pour ne pas la perdre. Elle se décroche arrivée dans l’épuisette : le top ! Je vis une des meilleurs manches de mes quatre années de participation aux championnats du monde. Je fais un cinquième poisson sur mon dernier déplacement qui me classe 3,5 en ex-aequo. Au final je suis 6ème de mon secteur. Les potes de leur côté ont eu un peu moins de réussite néanmoins nous sommes dixième au classement général le samedi.

Le deuxième jour s’annonce tout de suite beaucoup plus chaud au niveau de la température. Les parcours sont normalement plus poissonneux que la veille car un second rempoissonnement a été effectué la veille au soir. La stratégie reste la même en ciblant les poissons mordeurs seulement il faut faire avec les aléas du parcours et des départs. Contrairement à la veille pour mon premier départ je n’accède à aucun box avec de la profondeur. Bien au contraire je suis sur des radiers avec des fonds recouverts d’algues vertes filamenteuses. Je cible les petits poissons avec de petites cuillers mais c’est le calme plat et autour de moi c’est pareil. Alexandre qui me suit et me coach m’informe qu’une place c’est libérée à 10 boxs plus en aval. Je sprint pour ne pas perdre de temps. La sueur coule à flot mais j’ai retrouvé un box ou la rivière est plus profonde, en cinq minutes je décroche trois poissons car le courant est puissant et les poissons aussi car de belle taille. Finalement deux poissons me sauveront de mon pire premier round. Au second départ, je passe derrière quinze pécheurs pour trouver un bon box sur ce secteur très inégal. J’alterne les techniques afin de trouver les leurres les plus péchant dans les forts courants profonds. Encore une fois je décroche des poissons si précieux sur cette manche difficile. Avec trois poissons je suis dixième de ce round. La réussite n’est pas dans mon camp en une manche je décroche plus de poissons que sur toute la manche de la veille. Je me surmotive pour le troisième round, je pars en premier et Alex a ciblé depuis la veille le meilleur box du secteur. Une fois dessus je sais que je vais y rester toute la manche, je prépare mes leurres pour ne pas perdre de temps et scorer. Trois poissons sont postés juste devant moi. J’essuie un échec sur les trois je comprends que le box a été matraqué, pour dire, l’herbe a laissé place à la terre tant les pêcheurs l’ont piétinés. Mon roulement de leurres s’effectue et les déboires continuent. Le troisième round est souvent un des plus durs, les poissons commencent à être méfiants. Je perds une dizaine de poissons après la touche-le ferrage et même pas un tour de manivelle. Elles poussent les leurres sans les engamer. Péniblement je rentre trois poissons pour finir 8,5 au classement de ce round. Pour le dernier round je retourne sur les zones profondes où de nouveau je décroche deux poissons. Bredouille à quinze minute de la fin je tente de pêcher comme parfois en street fishing c'est-à-dire, uniquement la bordure au leurre souple. La première truitelle rejoint l’épuisette, puis la deuxième. Manque de chance les deux dernières se décrochent. Cette journée très difficile pour beaucoup prouve qu’il faut parfaitement maitriser les techniques et les combats pour réussir à faire mordre correctement les poissons et n’en perdre aucun car un poisson peut tout chambouler dans le classement. Je sais que je suis passé pas loin d’un meilleur classement mais la place de 13ème reflète bien ma journée.

Au classement final j’atteins la 34ème place soit un milieu de tableau, une place pas à l’image du déclic que j’ai eu quand la gestion de la pêche sur ce type de compétition. Ma 6ème place témoigne de ma progression et la 13ème qu’il faut encore travailler. Pareil pour l’équipe de France nous finissons à la 13ème place prouvant encore une fois que sans préfishing les semaines précédentes, on ne peut découvrir un biotope et le pêcher efficacement. Au final en individuels : 1er Slovaquie, 2ème Slovaquie et 3ème Bulgarie et par équipe 1er Slovaquie, 2ème Ukraine, 3ème Italie.

Je tiens à remercier les membres de l’équipe de France pour la bonne ambiance et l’entraide durant la compétition. Je tiens aussi à remercier la FFPSC de nous enrôler dans de telles compétitions. Bien évidemment un grand merci à Pezon et Michel et Gunki pour son soutien et son matériel au top pour les grandes compétitions.

A bientôt ce coup-ci pour la deuxième date truite du Championnat de France truite à Gargillesse dans la Creuse.

Jeremy Seguin